--> La veuve du journaliste Jean Dominique, assassiné le 3 avril 2000, parle de sa nomination comme porte-parole de l'ONU comme un honneur pour son pays.
La journaliste haïtienne Michèle
Montas qualifie sa nomination au poste de porte-parole du nouveau secrétaire
général des Nations Unies, le Sud-coréen, Ban Ki-Moon d’«honneur pour Haïti»,
qui a été tellement «vilipendé à l’extérieur» ces dernières années.
«Ma seule présence au bureau du
secrétaire général, ça dit haut et fort Haïti !» lance Mme Montas lors
d’une entrevue, jeudi, à la radio de la communauté haïtienne de Montréal, CPAM.
Elle prévient toutefois que cela s’arrête là et qu’elle « ne pourra pas
introduire Haïti dans une position privilégiée au bureau du secrétaire général»
Comme fonctionnaire de la plus
grande organisation internationale, elle fait remarquer que sa marge de
manœuvre à parler de son pays d’origine est très ténue. «Je ne vais pas
pouvoir parler davantage d’Haïti que d’autres choses, nous en parlerons quand
il y aura des sujets d’actualité et de débat» affirme-t-elle.
Dans la même veine, la nouvelle
porte-parole parle de Port-au-Prince comme un «casse-tête» pour les
Nations-unies, qui, en 10 ans a réalisé pas moins de cinq missions à
Port-au-Prince. Le mandat de la toute dernière, MINUSTAH, expire le 15 février
et le Conseil de sécurité examinera son travail le 18 janvier ainsi qu’une
recommandation de prorogation pour 12 mois supplémentaires faite par Kofi Anan
Surprise de sa nomination
Jusqu’au dimanche 31 décembre 2006,
Michèle Montas dirigeait la section francophone de la radio de l’ONU. La veuve
de Jean Dominique a du mal à cacher la surprise qu'a provoquée sa
promotion chez elle, et révèle avoir eu des réactions
de «personne toute étonnée» d’apprendre la nouvelle de sa nomination.
Outre Haïti, la nouvelle
porte-parole croit que, par sa nomination, les Nations Unies tentent d’envoyer un signal vers l’Amérique latine
et La Caraïbe pour dire à cette région qu’elle compte dorénavant. Michèle
Montas fait remarquer que depuis le
passage du Péruvien Xavier Perez de Cuellar, en 1982, comme secrétaire général,
le Tiers-monde est sous représenté au sein du Secrétariat de l’ONU.
Première femme et, de surcroît du
Tiers-monde, porte-parole de la gigantesque Organisation internationale, «cela
dit que cette partie du monde va compter
dorénavant», estime Mme Montas.
Haïti inter en veilleuse
Après l’assassinat, le 3 avril
2000, de son mari et directeur de Radio Haïti, Jean Dominique, Michèle Montas
tentait tant bien que mal de maintenir en onde la station dans des conditions
de sécurité précaire.
L’attaque contre sa résidence et
l’assassinat ,en février 2003, de son garde du corps Maxime Séide la force à
prendre l’exil. Une bonne partie de son équipe la suit alors que d’autres
journalistes de la Salles des nouvelles ont dû intégrer d’autres stations .
Questionnée sur l’avenir de Radio Haïti, Michèle Montas affirme que le devenir de la station n’a pas changé.
«La radio est en veilleuse en
raison du climat d’insécurité qui règne au pays » dit-elle. Pour la
directrice de la radio, les circonstances qui ont poussé le médium à la
fermeture demeurent jusqu’à présent. «Le fait que je sois nommée
porte-parole de l’ONU ne change rien à la donne qui est haïtienne»
fait-elle remarquer.