J'ai ri, j'ai éclaté de rire, je me suis même tordu: un cas de rage au volant qui se ramasse à la Cour à Québec. Excusez-moi, mais avec mes œillères haïtiennes, je ne pouvais que voir le coté insolite de la chose. Vraiment.

 La rage au volant tel que je la comprend est le fait par un automobiliste de s'impatienter face à la conduite d'un autre. Et souvent c'est parce que l'autre roule trop lent à son goût. Alors, il klaxonne, il vrombit son moteur, il pile sur la pédale et dépasse, plus un doigt d'honneur avec ça.

 Mais dans le cas qui me fait marrer et qui s'est passé le 11 février 2009, un automobiliste s'est fait pointer une arme à feu vers lui alors qu'il circulait sur le chemin Sainte-Foy, à Québec. «Intimidée par la manœuvre, la victime qui est un avocat, s'est immédiatement dirigée vers le poste de police le plus près. Le suspect a été appréhendé un peu plus tard.

 Même s'il ne s'agissait que d'un fusil à plomb, l'accusé, Patrick Boisvert, âgé de 36 ans, de Québec, fait face à une série de chefs d'accusation notamment pour avoir braqué une arme à feu et pour port d'arme dans un dessein dangereux.» rapporte l'agence Presse Canadienne cette semaine.

 Le cas de Port-au-Prince

 Je me souviens autant que  le Québec que «rien ne sert de courir, il faut partir à point».  Mais on est en Amérique du Nord en plein dans une culture de consommation, de compétition, de va-vite comme si la fin du monde était pour le lendemain.

 Je me souviens aussi du séjour en Haïti, en 2001, d'un de mes meilleurs amis québécois. Lui aussi avait éclaté de rire la première fois qu'il a conduit à Port-au-Prince, dans une ville où les feux de signalisation sont rares voire l'électricité.

 Mais à la place des doigts d'honneur, les automobilistes assurent la circulation eux-mêmes avec l'index. Ce qui l'a fait marrer mon ami québécois c'est la courtoisie au volant dans une capitale désorganisée. Ce qui l'a plu vraiment c'est de voir qu'il a pu réaliser tout son parcours sans anicroches, sans se faire insulter, dépasser bêtement ou pire encore se faire pointer une arme comme à Québec.

 Avec  un réseau de route et d'autoroute important, les plus de cinq millions de véhicules ( chiffre daté de 2007) fonctionnent très bien et sans compter la surveillance routière. Mais comment expliquer des cas de rage au volant ici au point de se faire des procès qui doivent durer plusieurs jours.

 Enfin, je me souviens que la rage est une maladie. Elle atteint souvent les chiens et on se doit de les abattre dans de tels cas. D'où l'expression bien connue «quand on veut tuer son chien on l'accuse de rage».

   Pourtant, la première impression que j'avais, il y a sept ans, lors de mon arrivée ici, était que les gens sont d'une hospitalité sans borne. Je le crois encore. Sauf qu'il y a malgré tout quelques «enragés» ici.