Tout comme en France en avril 2007 ou aux États-Unis en juin 2008, les élections haïtiennes de novembre prochain affichent un coté très binaire. Vous le savez les fameuses combinaisons de  1-0, 0-1 et qui est la base de tout système informatique. En bon langage humain: tout ou rien. Ou encore si ce n'est moi ce ne sera donc personne.

 Disons mieux et posons la question une bonne fois pour toute, un homme ou une femme au Palais national ? Jude Clestin ou Mirlande Manigat? Car, il s'agissait de cela aux USA avec B. Obama et H. Clinton lors de la course à l'investiture démocrate en juin 2008. Ou encore en France avec N. Sarkozy et S. Royal lors des joutes d'avril 2007 remportées au second tour par l'actuel président français.

 Dans ces deux derniers cas, il s'est révélé que ces sociétés occidentales ne sont pas prêtes de céder un iota de leur machisme.

 «Nou déja genyen»-J. Celestin

 Au total,  le pays avait connu 52 candidatslors des dernières présidentielles de 2006. Effet du séisme ou non, ils ne sont que 19 à se disputer la plus grande tente de Port-au-Prince actuellement. Le Palais national s'était effondré le 12 janvier dernier.

 Dans le camps lavalas (le parti de Jean Bertrand Aristide), ils sont une demie douzaine à se battre pour la bannière aristidienne. Ensuite on retrouve une brochette d'anciens premiers ministres qui veulent cette fois atteindre la présidence et quelques illustres inconnus de la population en général.

 Il y a parmi eux Jude Celestin, le candidat de INITÉ, le parti au pouvoir et qui tente de sortir de l'ombre. D'aucuns prédisent qu'il n'accordera pas d'entrevue à des médias, ne parlera pas de son programme, s'il en a et se livrerait ,à l'occasion, à quelques sorties bien huilées dans la machine «INITaire». À la manière prévalienne (René Préval).

 Sa première en public justement, hors mis ses calicots qui arborent les artères du pays, a été à Croix-des-Bouquets (Ouest), cette semaine. «Nous avons déjà gagné. Ne nous laissons pas tomber dans le piège de la provocation», a-t-il lancé à une foultitude  de partisans de tous poils ( artistes, chanteurs, transfuges de l'opposition etc...).

 Toutefois, un sondage commandé par les associations du secteur privé des affaires, révèle que  Mme Manigat est en première position avec 16,7 % des intentions de vote sur l'ensemble du pays. Un autre sondage publié il y a une semaine l'avait déjà classé en tête. Les résultats de cette nouvelle enquête place Jude Célestin endossé par le pouvoir en deuxième position juste avant Michel Martelly et Charles Henry Baker. L'ex-premier ministre Jacques-Edouard Alexis est loin dernière avec 7,5% des intentions de vote.

 L'indifférence des tentes

 Cette enquête révèle aussi que l'électorat est très indécis sur le choix à faire parmi les 19 candidats à la présidence. Reprenant ces données qui commencent à dater, Radio-Canada parle de la candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) comme étant la favorite. En dix minutes d'entrevue lors de son passage à Montréal (22 oct), Mirlande Manigat passe à pied joint sur les grandes lignes de sa politique générale.

 Mais,  je vous le dis, sa bouche crache la victoire de son parti. Pour elle c'est dans le sac. «Le peuple voit en moi une femme, la sincérité, l'expérience....» affirme-t-elle avant de noter que 52% de la population sont des femmes et que leur slogan est: «fanm kore fanm» ( que les femmes appuient les leurs). Un langage conforme à celui de son mari L. Manigat. De ce point de vue ils ne font qu'un.

 Vraiment on ne parle plus que de ces deux candidats. De l'alternative Manigat Celestin, un homme ou une femme. On en a déjà eu deux femmes premier ministre en Haïti: Claudette Werley et Michèle Pierre-Louis. Même une présidente de circonstance Ertha Pascal Trouillot.

 Mais il s'agirait d'un mandat de cinq ans, d'élections, de campagne... Haïti tentera-telle l'expérience chilienne (Michele Bachelet) ou restera-t-elle accrocher à son paternalisme occidental.